Victor Langellotti : “En signant chez Ineos, je passe un cap énorme”

À 29 ans, Victor Langellotti va découvrir, la saison prochaine, la joie de courir pour une équipe World Tour. Le Monégasque a quitté l’équipe espagnole de Burgos-BH pour signer un contrat au sein de la prestigieuse équipe britannique, Ineos Grenadiers, jusqu’à la fin de l’année 2026. Il rejoint un collectif auréolé de sept Tour de France. De quoi “réaliser le rêve” de celui qui a démarré le vélo en 2009 après avoir débuté sur les pistes d’athlétisme. Il était l’invité de la troisième émission d’Azurement Sport.

En 2009, le Grand Départ du Tour de France est donné par le Prince Albert II à Monaco. Est-ce cet événement qui a lancé votre carrière cycliste ?

Le Tour de France 2009 a clairement été pour moi un déclic parce que j’ai pu vivre mon rêve. J’ai pu voir mes coureurs préférés partir de chez moi. Je me rappelle avoir accompagné l’équipe Astana sur le podium de présentation du Tour de France. Il y avait Alberto Contador et Lance Armstrong dans l’équipe. C’était un vrai moment marquant d’être avec eux et de pouvoir admirer réellement le Tour de France de mes propres yeux.

Lors de cette dernière saison avec Burgos, vous finissez deuxième de la Classic Grand-Besançon Doubs, derrière le Cannois Lenny Martinez et devant David Gaudu. Vous vous attendiez à jouer la victoire dans ascension finale ?

C’était un final très dur avec une montée de quatre kilomètres. Je ne m’attendais pas à être là, je me suis surpris. À un kilomètre de l’arrivée, je pensais que Lenny avait course gagnée. Il était à une vingtaine de secondes. Je ne pensais qu’à la seconde place et à lâcher David Gaudu. Sauf qu’en produisant mon effort je suis revenu très rapidement sur Lenny pou jouer la victoire dans les derniers mètres. J’étais agréablement surpris et même pas tant déçu que ça par la deuxième place, parce que je ne m’attendais pas à être à ce niveau là.

Vous avez aussi couru le Tour du Pays Basque, marqué par une très grosse chute lors de la quatrième étape. Jonas Vingegaard s’était blessé et l’étape avait été neutralisée. Comment vit-on au sein du peloton ces moments-là ?

Je me rappelle très bien être passé dans le même virage où ils ont chuté. Cela ressemblait à une scène de guerre, comme s’il y avait des soldats qui étaient tombés. Cela m’avait vraiment fait froid dans le dos. Les premières pensées que j’ai eues ont été d’arrêter la course. C’est vraiment des moments difficile à vivre. Ne serait-ce que repartir le lendemain en ayant ça en tête, c’est compliqué. Mais malheureusement les chutes font partie de notre sport, il faut vivre avec.

Les courses vont de plus en plus vite, des records de vitesse sont battus à chaque fois. Comment ressentez-vous cette constante progression ?

Les vitesses augmentent par l’amélioration du matériel. On va toujours plus vite, on prend plus de risques sur des routes étroites où il n’y a pas de place pour tout le monde, donc il faut se battre pour avoir la meilleure position et parfois cela finit malheureusement en chute. C’est assez compliqué à gérer, mais cela fait partie de notre métier. Il faut savoir apréhender ces moments de stress pour performer.

Quel est le moment le plus marquant que vous retenez de ces six ans chez Burgos-BH ?

Clairement la Vuelta 2022. Je ne m’attendais pas du tout à y participer. J’avais signé une victoire au Tour du Portugal, ma première en professionnel, une semaine avant. J’ai été appelé en dernière minute parce qu’un des coureurs était positif au Covid. C’était juste un rêve de pouvoir participer. En plus, quelques jours après le départ, j’ai pu prendre le maillot de meilleur grimpeur et me battre pour une victoire d’étape. C’était un rêve absolu de pouvoir être à l’avant sur un grand tour et porter un maillot distinctif.

Désormais, en signant chez Ineos Grenadiers, vous intégrez une équipe du gratin mondial. Comment s’est passée l’approche ?

C’est une relation qui date depuis plusieurs mois. Ça s’est fait assez naturellement et assez rapidement. De par mes bons résultats au Tour du Pays Basque, puis sur la Classic Grand Besançon, il y a un intérêt qui a augmenté de leur part. Petit à petit ils se sont intéressés à mes performances. En plus du côté sportif, ils ont appris à connaître l’homme que je suis.

Aujourd’hui je suis ravi de pouvoir signer chez eux, de passer un cap énorme. Pour moi, c’est un rêve qui se réalise. Quand j’étais plus jeune, en catégorie junior et espoir, le Team Sky était vraiment l’équipe dominante. Pouvoir maintenant faire partie de cette équipe et côtoyer des coureurs comme Geraint Thomas, qui a gagné le Tour de France, c’est juste incroyable.

À Burgos vous aviez un rôle de leader, là chez Ineos, votre statut va changer. Avez-vous anticipé ce changement ?

Oui, complètement. À Burgos, j’avais plus un rôle de leader avec sept années d’expérience dans l’équipe. Là, mon rôle à Ineos va être complètement différent. J’arrive, je suis nouveau, il va falloir s’intégrer. Les attentes ne sont pas du tout les mêmes. J’aurai clairement un rôle d’équipier pour essayer d’accompagner au mieux mes leaders, mais je suis très content de cela.

Pour terminer, nous avions juste quelqu’un qui a une dernière question pour vous. “Salut Victor, j’ai une question pour toi qui me tient à cœur. Je voulais savoir si lorsque ta carrière de coureur cycliste professionnel sera terminée, tu serais d’accord pour que nous courions ensemble un marathon, histoire de boucler la boucle sur notre parcours inachevé de coureurs à pied ? Allez, salut !”

Je vais expliquer (rires). C’est Antoine Berlin, l’autre cycliste professionnel monégasque avec qui je suis très proche. Du coup, je comprends mieux le message qu’il m’a envoyé avant l’émission (rires) Mais oui, ce sera avec grand plaisir de faire un marathon avec toi Antoine.

L’équipe Azurement Sport

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