Le 5 novembre dernier, Éric Borghini a été réélu pour la troisième fois à la tête de la Ligue Méditerranée de football. L’avocat niçois, président de la Commission Fédérale des arbitres et également membre du Comex de la FFF, débute un ultime mandat avec la ferme intention de faire passer la Ligue dans une nouvelle dimension.
Vous avez été réélu à 52% des voix. Êtes-vous soulagé ?
L’élection a été difficile. Cela fait 8 ans que je préside la Ligue et il y a toujours un peu d’usure du pouvoir. Face à moi j’avais deux candidats. Un officiel (François Ponthieu) et un dont la candidature a été déclarée irrecevable (Pierre Guibert, en raison de la non-conformité de l’éducateur proposé, n’ayant pas les diplômes requis, NDLR). Mais ce dernier a appelé à voter pour mon adversaire. Cela a été un vrai match. Je pense que les clubs ont fait la différence. Ils m’ont vraiment soutenu et permis d’être réélu pour ce troisième et dernier mandat.
Est-ce que c’est justement ce bénéfice de deux premiers mandats qui a pu faire la différence auprès des clubs ?
Les clubs me connaissent. J’ai présidé pendant 20 ans le district de la Côte d’Azur et été pendant 20 ans vice-président de la Ligue. Donc c’est une vieille histoire entre les clubs et moi. Ils savent comment je travaille. Ce qui je pense a beaucoup joué, c’est la différence des programmes. On ne se fait jamais élire sur un bilan mais sur un programme. Je proposais un programme qui s’articulait autour de trois piliers et de 69 mesures concrètes. Mon adversaire, lui, ne proposait rien de véritablement concret et de positif pour les clubs. Il était surtout dans la critique et la stigmatisation.
« Mon adversaire, ne proposait rien de véritablement concret et de positif pour les clubs. Il était surtout dans la critique et la stigmatisation »
Ils désirent peut-être également que les projets que vous avez entrepris soient finis.
En ce début de mandat, il y a beaucoup de travail à finir d’abord, puis à continuer. Il y a tout à mettre en place pour l’avenir. La pérennité et le rayonnement du football régional sont très importants. Nous avons un énorme projet, le Campus Méditerranéen à Ventabren, à côté d’Aix-en-Provence. C’est le plus grand projet structurant de toute l’histoire centenaire de la Ligue Méditerranée. C’est un programme qui porte sur l’édification d’un centre sur 8 hectares et demi, avec non seulement le siège administratif, mais également des terrains de grands jeux, des terrains de futsal, de five, de paddle, l’Institut Régional de Formation du Football, les pôles espoirs masculin et féminin, le pôle santé, l’hébergement, la restauration. C’est véritablement un petit Clairefontaine.
Cela fait 8 ans que nous travaillons dessus. Nous attendons encore les autorisations administratives. Si elles nous sont données dans les jours qui viennent, j’espère que d’ici fin 2026, ce magnifique projet sortira de terre. Même s’il profitera surtout à mon successeur.
Ériger ce Campus était quelque chose de nécessaire dans le Sud-Est ?
La Ligue Méditerranée était la seule Ligue de France à ne pas avoir de centre technique. Dès que je suis arrivé en 2016, on m’a dit que ce n’était pas possible d’avoir notre pôle espoir d’un côté, notre siège social de l’autre… La performance en souffre. Il faut mettre toutes les activités de la Ligue, d’une région de football en un même lieu.
Niveau coût, c’est un projet conséquent…
Financièrement, c’est un projet qui avoisine les 31 millions d’euros. C’est une très grosse affaire pour le football amateur. Le projet est autofinancé à 48% par la Ligue. Puis, nous avons trois grandes banques nationales qui ont accepté de financer le reste. Elles ont déjà accepté d’être nos partenaires pour vérifier notre business plan puisque nous avons des sociétés d’experts qui nous accompagnent, des avocats, des fiscalistes, des notaires… Il y a toute une équipe autour de ce projet pour que ce soit une vraie réussite sportive mais aussi environnementale.
«Le jour où ce centre sera construit, nous pourrons tourner la tête de l’autre côté de la Mer »
Enfin avec ces infrastructures, vous avez envie d’exporter le savoir-faire de la Ligue au-delà des frontières.
Ce projet a une vocation internationale. La Méditerranée a deux rives. Donc le jour où ce centre sera construit, nous pourrons tourner la tête de l’autre côté de la Mer, avec des pays qui sont historiquement très liés à la France, comme l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, qui sont à quelques encablures de Marseille. Nous pourrons créer des synergies, mettre à disposition nos formateurs, échanger et bien plus.
Propos recueillis par Bastien Rague retranscrits par Quentin Barbaza