Jaat Benoot : Une pointe d’excellence

Dans un genre poétique et dramatique, les mouvements et les pas de danse racontent une histoire. Celle de Jaat Benoot aux Ballets de Monte-Carlo est un mélange de passion et de poursuite d’excellence. Tout comme son frère Tiesj, célèbre cycliste, son quotidien est calculé en fonction de son sport favori.

Depuis sept ans, Jaat Benoot est danseur aux Ballets de Monte-Carlo. Son visage s’illumine d’un sourire dès que l’on évoque sa passion, ancrée en lui depuis sa tendre enfance. Celle-ci est née non pas seulement grâce à une personne en particulier, mais à un ensemble : « Je voulais danser avec tellement de chorégraphes et de danseurs quand j’étais adolescent ». Il sourit d’autant plus au simple fait d’évoquer ces souvenirs. Frère de Tiesj Benoot (cycliste professionnel), le danseur se montre reconnaissant envers ses proches, toujours à ses côtés : « J’étais chanceux d’avoir mes parents pour me soutenir depuis le début. » 

Le rythme dans la peau

Pour lui, la passion est essentielle à la réussite dans ce milieu, qu’il considère comme difficile : «  Parfois, tu sens que tu es en train de faire ce que tu aimes, mais parfois, tu as juste l’impression d’être au travail. Comme dans tous les métiers, il y a du positif et du négatif ». D’ailleurs, même s’il a commencé la danse dès son plus jeune âge, il ne se disait pas qu’il allait en faire son métier. Rien que d’y penser, il se met à rire : « Quand on est enfant, on ne sait pas vraiment faire de décision concrète ». C’est alors à l’âge de 12 ans, en entrant dans une école professionnelle, que les choses ont commencé à se concrétiser pour lui. A ce moment là, il s’est rendu compte que les choses pouvaient fonctionner. Sa seule envie était de danser : « Je me suis donné les moyens de pouvoir le faire et de réussir ».

Quand le sportif se mêle à l’artistique

Lorsqu’on demande à Jaat Benoot s’il considère le ballet comme une forme d’art ou de sport, sa réponse ne fait pas l’ombre d’un doute : « Je ne vois pas le ballet aux Jeux Olympiques ». C’est un art, mais selon lui, l’avis est subjectif. D’un autre côté, la danse nécessite un important entretien physique.

Toutes ses journées sont rythmées. Le matin débute par un cours de ballet de 10 heures 30 à 12 heures pour travailler le haut du corps et peaufiner certaines techniques. L’après-midi, jusqu’à 18 heures 30, le danseur enchaîne les répétitions. Pendant son peu de temps libre, il en profite pour aller voir un physiothérapeute pour des étirements.

Les séances à la salle sont, elles aussi, importantes. Il pointe le haut de son corps et explique que les garçons doivent travailler le plus cette partie-là. Avec une partenaire, les lancers et les portés entraînent souvent des blessures : « Sur la scène, nous devons rendre le spectacle magique et facile. Les gens ne voient pas qu’on en demande beaucoup à notre corps. »

Être un homme dans le milieu de la danse 

Jaat Benoot est un danseur de ballet heureux, se sentant à sa place dans la compagnie : « Aux Ballets de Monte-Carlo, il y a toujours eu 50 % de filles et 50 % de garçons, tu te sens respecté ». Si les gens sont étonnés lorsqu’ils apprennent que le jeune homme est un danseur, celui-ci le justifie par un manque de connaissances du domaine : « S’ils viennent voir une performance, peut-être qu’ils comprendront ce que ce sport implique. »

Malgré tout, pour lui, les mentalités évoluent. Il prend le temps d’expliquer que les danseurs et les danseuses ne font pas la même chose : « Les hommes ne peuvent pas faire ce que les femmes font, puisqu’elles s’entraînent à travailler leurs pointes depuis qu’elles sont toutes petites ». Le danseur fait pas mal de sport à la salle et s’entraîne aux mouvements techniques comme les sauts, les roues et les fameux portés avec sa partenaire.

Mouvement d’un esprit en quête d’avenir

Si être un danseur de ballet est son premier choix, un autre type de danse l’intéresserait. Avant de continuer, Jaat Benoot rigole : « J’aimerais être bon à la salsa. »

L’humilité est une qualité essentielle chez lui. Les étoiles dans les yeux, il se confie sur la reconnaissance qu’il a d’avoir grandi aux Ballets de Monte-Carlo : « Je travaille dur et j’essaye de faire le meilleur avec l’opportunité qui m’a été donnée. »

D’ailleurs, pour réussir, il est important de se déconnecter de temps en temps. Lorsqu’il ne danse pas, le ballerin en profite pour partir en vacances et tester de nombreux restaurants : « J’adore la bonne nourriture », dit-il, amusé. Avant, il ne vivait pas très loin de la compagnie monégasque. Le fait d’avoir déménagé un peu plus loin, lui a réellement permis de faire la part des choses : « Ce changement a crée une certaine distance. Je peux enfin me déconnecter. ».

Même si la fin de sa carrière est encore loin, au moment venu, Jaat Benoot se voit de continuer tout ce qu’il fait lorsqu’il ne danse pas. Il est difficile d’avoir des réponses sur la question de son avenir. L’hésitation se lit sur son visage. Si l’éventualité de faire des études dans dix ou quinze ans lui passe par la tête, sa priorité actuelle est de faire ce qui l’anime par-dessus tout : la danse. « J’espère pouvoir continuer pendant encore des années », conclut-il, le sourire aux lèvres. 

Brittany Kesraoui