Nicolas Ciamin : un pilote de rallye qui roule en réserve

Nicolas Ciamin continue sa saison en WRC2 avec au programme le Rallye de Sardaigne

Le pilote de rallye, Nicolas Ciamin, est annoncé sur la liste des engagés du Rallye de Sardaigne 2024 (30 mai au 2 juin). Souvent éloigné des projecteurs, le Niçois se considère comme une personne « simple et accessible ».

Au milieu de l’avenue Jean-Médecin, un homme, casque de moto à la main, apparaît. Difficile d’imaginer jusque-là qu’il s’agit d’un pilote de rallye professionnel. Autour d’un cappuccino sur une terrasse, Nicolas Ciamin se livre sur sa passion depuis tout jeune. Il pourrait en parler des heures.

Avec un grand sourire, il détaille tous ses souvenirs d’enfance. Il était au garage, avec son père, qui préparait des Renault 5 Turbo pour le rallye. Il livre également des anecdotes au sujet de son amour d’enfance pour le sport automobile. “J’étais sur les épaules de mon père, j’avais 4 ou 5 ans au Rallye de Monte-Carlo lorsque les Peugeot 206 étaient grises. Je regardais en boucle les cassettes de rallye que mon père avait”, livre celui qui participera au rallye de Sardaigne du 30 mai au 2 juin.

Dès son plus jeune âge, Nicolas Ciamin se destine pour cette voie même si le destin le dirige au début vers le motocross. Les blessures récurrentes et le stress trop présents, le pilote s’est dirigé vers la voiture “sans avoir d’ambition », avant d’arriver jusqu’au professionnalisme.

Une passion devenue une habitude

Si pour tout grand fan, son métier ressemble à un rêve, le Niçois reconnaît une lassitude pour sa passion. Afin de garder cette puissance et cette envie, Nicolas Ciamin a jugé nécessaire de travailler sur plusieurs points. Notamment en faisant appel à un coach mental depuis 2020. “Cette année-là, ça a vraiment été difficile pour moi, souffle le pilote. Les performances étaient mauvaises, je n’avais plus aucune motivation d’aller dans la voiture. Le côté psychologique n’est pas à négliger, c’est un aspect vraiment important”.

Il en vient alors à expliquer comment garder la motivation. Enchaîner les saisons lui demande beaucoup d’efforts. Il se remet parfois en question comme en Autriche, au rallye d’Herbst début octobre 2023. “Je me suis demandé ce que je faisais là-bas. Dans ces moments-là, c’est dur de se dire qu’au départ, c’était une passion. Puis le week-end se passe bien, on fait un bon résultat et ça repart”. Le pilote est un compétiteur dans l’âme. Depuis tout jeune il cultive un état d’esprit nécessaire pour performer au volant.

Une double identité

De lui-même, le pilote niçois affirme qu’il existe deux Nicolas Ciamin. Celui avec le casque et celui la tête nue. De cette situation, il en rigole et ses proches l’ont déjà remarquée. Cette double personnalité, le pilote en a fait sa caractéristique. “Un jour, un ami à mon père m’a fait un casque et il m’a mis un Transformers à l’arrière, justement par rapport à cette différence. Ça m’a bien fait rire et je l’ai laissé.”

Si le pilote est contraint de performer pour gagner sa place dans ce milieu, la compétition le “transcende”. Il reconnaît la nécessité de ne pas se comporter de la même façon à l’intérieur et en dehors du siège baquet. Afin de garder cette motivation, pendant son temps libre, il change de personnage. “J’aime faire du sport loisir comme du trial avec des amis. Avant, j’étais bien plus exigeant avec moi-même pendant la course. Je vivais à fond le rallye. Maintenant je sais que lorsque je suis en dehors de la voiture, je n’attends pas forcément d’y retourner. J’ai envie de faire d’autres choses et c’est rageant car on n’a pas forcément le temps”.

“J’aime rester dans mon coin”

D’habitude, les sportifs professionnels aiment se mettre en avant. Ce n’est pas du tout le cas du Niçois. Se considérant comme une “personne simple”, il révèle avoir du mal avec la pression des supporters. « Ils ne se rendent pas compte de l’effort et de la fatigue. Certains sont trop intrusifs et c’est fatigant de devoir gérer ce genre de supporters”, explique-t-il d’un air désespéré.

Derrière le volant, se cache un individu réservé, simple, timide de nature. “Quand j’étais jeune, je ne pouvais pas aller commander seul un café. Sur ce point là, le sport professionnel m’a beaucoup aidé parce qu’à force, on doit se livrer”. Cela lui prend beaucoup d’énergie pour surveiller et faire attention à ses mots. “Je ne veux pas être quelqu’un d’autre. J’aime rester dans mon coin”. Plus surprenant, Nicolas Ciamin a désormais un nouveau statut. Il porte une double casquette étant aussi consultant pour Canal+.

Cette occupation peut surprendre pour quelqu’un n’aimant pas être mis en avant, mais le Niçois assume le plaisir de ce rôle et ne cache pas ses faiblesses. “Quand la caméra se tourne vers moi, ce sont les pires moments. Je n’arrive pas à me tenir naturellement car je sais que les gens vont me regarder”. À 25 ans, si le pilote a encore une carrière à poursuivre, il se met à réfléchir sur son avenir. À la question sur un possible changement de métier, le pilote ne trouve pas de réponse. Nicolas Ciamin ne veut pas chercher de solutions car il se définit comme tel : un passionné de sports mécaniques mais surtout un homme simple, accessible. Tout en réserve, il se considère comme n’importe qui.

Lucas Samson