À 45 ans, Amir Hamada, est le responsable sportif et technique de l’AS Monaco Handball. Entraîneur de l’équipe depuis cinq ans, il se confie sur les évolutions majeures au sein du club cette saison, ainsi que sur le projet de reconstruction. C’est l’heure du changement pour une équipe actuellement à la lutte pour le maintien en Nationale 2.
En fin de cycle et maintenue in extremis la saison dernière en Nationale 2, l’AS Monaco Handball aborde cette année avec un nouveau projet. Après une première partie de saison encourageante, le souhait de donner une nouvelle dynamique au club est bien présent.
Avec les moyens mis à sa disposition, Amir Hamada, entraîneur principal de l’équipe, explique en détail les changements importants au sein de l’ASM. Le tout, avec de l’exigence et de l’investissement. Sans oublier que ses joueurs ne sont pas des professionnels et ont un travail ou des études à côté.
Pour concrétiser cette nouvelle dynamique au sein de l’équipe, quelle a été votre stratégie par rapport au recrutement et à l’effectif ?
Ce maintien à la dernière journée m’a donné beaucoup d’enseignements. Il fallait modifier le projet du club et repartir sur une nouvelle dynamique ! Nous avons alors décidé de renouveler une grande partie de l’équipe mais nous l’avons énormément rajeunie. La moyenne d’âge est passée de 29 ans à 24 ans. L’objectif est d’aller chercher des jeunes du secteur, avec un potentiel intéressant mais qui sont encore en formation d’apprentissage. Dans ce groupe rajeuni, j’ai gardé quelques joueurs cadres et je m’appuie sur eux. Ils ont en général la trentaine et ont plus d’expérience. Ils permettent aussi d’encadrer ce groupe de jeunes, c’est bénéfique.
Cette stratégie a-t-elle un impact sur votre schéma tactique ?
J’essaie d’avoir un projet et une philosophie de jeu bien définis, en fonction du profil de mon équipe actuelle. C’est-à-dire, une équipe avec un profil de joueurs qui doit être beaucoup plus en mouvement, avec une activité importante. Mais aussi des intentions défensives et la volonté de jouer vite sur les phases offensives. Je dois aussi composer avec les problématiques rencontrées et prendre en considération l’adversaire.
Avez-vous vu de réels progrès et différences sur cette première partie de saison ?
Le projet défensif s’est mis assez vite en place et j’ai noté une vraie progression, c’est très intéressant et positif. Sur l’aspect offensif, ça a été plus compliqué, mais on ne peut pas tout faire de suite. Au départ, la priorité du projet était le côté défensif donc c’est normal qu’il y ait un décalage avec l’attaque, notamment avec ce nouveau groupe. Nous sommes montés en puissance mais il me manque de la régularité. J’aimerais tout le temps me dire, à minima, nous sommes capables de faire ça. Cependant à certains moments, nous retombons dans nos travers. Il faut trouver une stabilité et la bonne formule.
Quand les résultats ne sont pas concluants malgré ce renouveau, que faites-vous pour garder votre équipe motivée ?
Le plus compliqué dans mon métier, c’est la gestion humaine. Je dois gérer la motivation, les états d’esprit, les problèmes du quotidien de mes joueurs parce qu’ils ont une vie à côté. Même s’il y a un enjeu et des objectifs, cela reste un jeu et nous devons rester ludiques. Quand les résultats ne suivent pas, je fais comprendre au groupe qu’il faut travailler et ça va prendre du temps. Nous avons des moments de doutes et de remises en question, c’est normal. J’ai expliqué aux jeunes qu’il faut prendre le temps mais surtout rester investi.
Sur le terrain et en dehors, quels sont vos objectifs et ambitions à long terme ?
Sportivement, le projet est donc de rajeunir, reconstruire et renforcer le groupe. Cette année, nous visons le maintien. La saison prochaine, notre souhait est de compléter l’équipe pour jouer le milieu de tableau. A l’avenir, j’aimerais avoir un groupe très compétitif pour s’installer dans le haut du classement. Sur les trois ou quatre prochaines années, je veux travailler avec ce groupe et tout faire pour remonter en Nationale 1.
Sur les trois ou quatre prochaines années, je veux travailler avec ce groupe et tout faire pour remonter en Nationale 1.
Au sein du club, nous sommes aussi dans une grande transition. Un nouveau bureau doit être élu prochainement et en décembre, il va y avoir une assemblée générale élective. Les choses peuvent évoluer, notamment avec une nouvelle équipe dirigeante qui pourrait se mettre en place. Nous y allons étape par étape mais c’est encourageant.
Et avec tout cela, comment gérez-vous la pression ?
Honnêtement, personne ne me met la pression mais je me la mets tout seul. Je suis en train de construire quelque chose de vrai et je suis un compétiteur. C’est un club que j’aime, j’ai envie de réussir et de le voir avancer. Pour concrétiser tout cela, la pression est essentielle.
Propos recueillis par Baptiste Eychenne