Quand le ballon ovale gagne du terrain à Monaco

Samedi 1er février, le Monaco Rugby Sevens briguera un second titre de champion de France de rugby à 7 après celui obtenu en 2022. Dans une Principauté où football, basket, tennis et Formule 1 captent d’ordinaire toutes les attentions, le rugby est en vogue. L’occasion de faire l’état des lieux d’une discipline qui se développe à vitesse grand V .

À Monaco, tout le monde a encore en tête les exploits d’Antoine Zeghdar, enfant du Rocher, l’été dernier lors des Jeux Olympiques de Paris. Avec sa médaille d’or acquise avec l’équipe de France de rugby à 7, le rugbymen du Castres Olympique a rendu fier tout un pays. Il suscite désormais des vocations et pousse les jeunes à venir s’essayer au ballon ovale dans un pays jusqu’alors bercé par les exploits de la Roca Team, de Charles Leclerc ou des footballeurs de l’AS Monaco.

Quand on creuse un peu le grand livre du rugby en Principauté, quatre institutions (Fédération, Fondation, AS Monaco Rugby et MR7) contribuent à son développement, telle une mêlée où gros bras et petits gabarits tentent de cohabiter.

Médaille d’or olympique en main, Antoine Zeghdar ne manque pas une occasion de partager avec les jeunes joueur de l’école de rugby monégasque lorsqu’il revient en Principauté © Q.B

Rencontres, tournois, bonnes performances… Tout semble aller dans le bon sens même si beaucoup de part sont allouées au Monaco Rugby Sevens. “Le MR7 a tout”, regrette Tristan Nardi, rugbyman monégasque. “Ils recrutent des stars du monde entier pour un tournoi. Moi, c’est pour représenter Monaco que je me lève tous les matins.”

Si le MR7 attire toute la lumière grâce à ses stars et ses résultats, remontons un peu l’histoire. C’est à la fin du siècle dernier que le rugby naît à Monaco. La Fédération est créée en 1996. Elle est aujourd’hui emmenée par la princesse Charlène et vice-présidée depuis plus de vingt ans par Thierry Dantes. Le Landais d’origine a le ballon ovale dans le sang et a voulu importer ses valeurs sur le Rocher : “Il y avait de suite cette volonté de représenter Monaco dans les compétitions internationales. Nous avons contacté Rugby Europe puis World Rugby”

La FMR donne le coup d’envoi

Avec une superficie légèrement supérieure à 2 km², Monaco est le deuxième plus petit État indépendant au monde derrière le Vatican. “Nous étions obligés de passer par le rugby à 7. Il n’y avait pas assez de joueurs pour structurer à 15. Il fallait se développer petit à petit avec une équipe puis une école”, avoue Thierry Dantes.

La Fédération vient promouvoir le rugby dans les établissements scolaires et invite les jeunes à tester. “Nous accueillons les enfants à partir de trois ans et demi jusqu’à quatorze ans”, déclare Aurélien Lazzaro, directeur de l’école de rugby depuis septembre 2022. “Aujourd’hui, nous comptons environ 120 licenciés et plus de 80% sont éligibles pour représenter le pays”. Des rencontres sont organisées sur la Côte d’Azur et plus généralement dans la région. “L’idée est de découvrir d’autres cultures et de se confronter aux autres institutions de ce sport. En fin d’année, nous participons à un tournoi à Montpellier puis il y en aura un autre à domicile face à Pau, Toulon, Narbonne et d’autres clubs locaux”, ajoute Aurélien Lazzaro.

“Ne pas griller les étapes”

À ces rencontres s’ajoute le fameux Tournoi Sainte Dévote. Créée en 2009, cette compétition ouverte aux moins de 12 ans permet aux joueurs de rivaliser avec des clubs du monde entier. En partenariat avec la Fondation Princesse Charlène de Monaco (Michael Wittstock, père de la princesse Charlène, est un ancien rugbyman sud-africain, ndlr), ce tournoi a évolué pour aujourd’hui accueillir des Néo-Zélandais, Argentins ou encore Sud-Africains. En parallèle de cet événement ont lieu le Rugby pour tous (parcours adapté aux personnes porteuses de handicap) et le Rugby Tots (initiations pour les très jeunes enfants).

Depuis quelques années, la Fédération Monégasque de Rugby est beaucoup plus focalisée sur le rugby à 15. L’AS Monaco, emmenée par David Bolgashvili, est actuellement troisième de Fédérale 2, cinquième échelon du rugby français. L’ancien entraîneur du Stade Niçois effectue sa deuxième saison au sein du club. Il espère monter en niveau mais sans mettre la charrue avant les bœufs : “C’est un travail à long terme. L’objectif est de monter en Fédérale 1 mais surtout d’y rester. Il y a un gap énorme entre les deux en termes de niveau, de règlement et d’équipes*². À nous d’être prêts à monter et de ne pas griller les étapes.”

À la quête du trophée

Ce samedi 1er février, les projecteurs seront rivés vers la finale de l’In Extenso Super Sevens à la Paris La Défense Arena. Le Monaco Rugby Sevens est à la quête de son deuxième titre après celui en 2022. Vainqueure de la dernière étape à Pau le 31 août dernier, l’équipe coachée par James Kent et Fabien Camin fait partie des favorites pour la victoire finale.

Le 17 janvier, le président exécutif du club Emmanuel Falco annonce l’arrivée d’un nouveau manager général Yannick Nyanga (champion d’Europe avec Toulouse en 2010 et champion de France avec le Racing en 2016. Il compte 45 sélections avec le XV de France, ndlr) : “Ses qualités humaines, son expérience et son approche du management seront des atouts pour notre équipe.”

Bastien Rague

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *